En 2011, le musée des Beaux-Arts de Quimper accueillait, après le LAAC de Dunkerque et avant le CoBrA Museum d’Amstelveen, l’exposition monographique Jacques Doucet, le Cobra français, rappelant ainsi les liens qui avaient unis l’artiste à Max Jacob au crépuscule de sa vie. A l’issue de l’exposition, la veuve de l’artiste, Andrée Doucet, avait alors offert au musée un autoportrait, œuvre-miroir en hommage à Max Jacob, promettant le legs à sa mort de sept nouvelles toiles qui illustrent la dernière phase de son parcours artistique. Après avoir participé à l’éphémère mouvement surréaliste révolutionnaire, Doucet va adhérer au mouvement CoBrA (1948-1951) avant d’approfondir une démarche originale, nourrie de plusieurs influences directes comme celles des arts premiers, des graffitis découverts lors de son incarcération à la prison de la Santé en 1944. Attiré tout à la fois par la couleur et les aplats rayonnants des compositions de Matisse, il s’inspire également de l’écriture des signes de Klee ou de la maîtrise de l’espace de Mirò. Après-guerre le rapport au réel se distend mais conserve toutefois une présence décalée par l’usage de titres évocateurs aux sonorités souvent poétiques. Puis l’artiste va peu à peu introduire dans ses toiles la présence de la matière, une matière triturée et organique : les pigments se superposent, la touche s’épaissit, les incrustations se développent, provoquant des ruptures dans la planéité de la toile. Entrelacs, fragments de formes élémentaires (carré, cercle, trapèze, etc.), jaillissements imprévus de la couleur, comme dans ces toiles, façonnent des univers magmatiques. La quête de Doucet ne vise pas à la recherche de l’équilibre ou à la description d’une forme de quiétude picturale mais, au contraire, à provoquer une sorte de retour aux origines, un désir de primitivisme qui passe par le grouillement des pigments.
Les 7 toiles sont exposées dans le hall du 29 février à mi-mai 2024.