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Pierre Roy (1880-1950) - Querelle d'hiver, 1940 - Huile sur toile, 59 x 80 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Bernard Galeron / ADAGP, Paris 2018

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Acquisition récente : Pierre Roy "Querelle d'hiver"

Achats et dons viennent régulièrement enrichir les collections du musée, selon l’adage du président-directeur honoraire du Louvre, Pierre Rosenberg : « Un musée qui n’achète pas est un musée qui meurt ». Le musée a développé plusieurs axes d’acquisitions, notamment autour du surréalisme, afin de mieux explorer l’art du XXe siècle.

avec la participation de l'association des Amis du musée et avec le soutien du Fonds Régional d’Acquisition pour les Musées – FRAM – Etat/Région Bretagne

« Je n’ai absolument, comme peintre, aucune philosophie. Quand je peins quoi que ce soit, je suis tout entier au plaisir de peindre. Je n’ai pas la moindre intention de symbolisme. Mais très souvent (parfois longtemps après avoir achevé mon tableau), je prends conscience de ce qui m’a inspiré et de ce que ma toile signifie…. Par exemple : après avoir peint une table de faux marbre, avec deux bûches dressées dessus, sur un ciel d’hiver tourmenté, je compris que c’était l’histoire d’une liaison dont j’avais été mis au courant. La bûche de gauche, plus ou moins phallique, c’était l’homme. Celle de droite, la femme, peut-être enceinte ou dotée d’une grosse poitrine. L’une et l’autre affrontées, et séparées par une canne (pouvant aussi bien servir à la marche qu’à battre quelqu’un), des feuilles mortes (évoquant déclin et tristesse), des oignons (évoquant les pleurs). J’appelai cette peinture : Querelle d’hiver. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai fait cette œuvre sans la moindre idée préconçue et sans intention volontaire. Je suppose que c’est ce qu’on appelle surréalisme, qui a existé depuis que le monde est monde » …

Extraits d’une réponse à un questionnaire du musée d’Art moderne de New York rempli par Pierre Roy en 1947.

 

Découvert et lancé par Guillaume Apollinaire, Pierre Roy affirme très tôt son intérêt pour l’œuvre de Giorgio de Chirico. Par son entremise, il rencontre en 1925 les principaux protagonistes du mouvement surréaliste auquel il sera précocement associé. Toutefois, son indépendance d’esprit et son peu de goût pour les manifestes lui ménageront une place à part au sein du groupe. A propos de cette toile datant de 1940, l’artiste en a donné quelques clefs qui éclairent la compréhension du sujet. Selon ses dires, l’œuvre représente l’histoire d’une liaison orageuse, les deux bûches affrontées représentant l’une la femme, l’autre l’homme. Les différents objets présents sur la table de faux marbre prennent, dans ce contexte, une dimension métaphorique tels les oignons évoquant les pleurs ou les feuilles mortes signifiant tristesse et déclin. Mais, à côté des explications de Pierre Roy, une grande part de la fascination qu’exercent ses compositions trouve son origine dans le traitement illusionniste virtuose des objets du quotidien autant que dans l’incongruité des associations recherchées. On pense évidemment à certains passages restés fameux des Chants de Maldoror de Lautréamont.

 

Après le don par Catherine Prévert en 2017 d’une œuvre d’Yves Tanguy, l’achat de cette composition importante de Pierre Roy vient confirmer la part des artistes associés au surréalisme dans nos collections.

Rez-de-chaussée, salle Max Jacob, section surréaliste