Léonard Corentin-Guyho
Jonzac, 7 juin 1844 – Riec-sur-Belon, 27 août 1922
Un donateur éclectique et éclairé
Bien que natif de Charente-Maritime, Léonard Corentin-Guyho fut un Finistérien de cœur. Il découvrit les côtes finistériennes à l’âge de 14 ans sur les conseils d’un médecin. En 1858, Adolphe Bannalec, conseiller général de Bannalec et ami de la famille, aida son père à trouver une propriété à Riec-sur-Belon, entre Pont-Aven et la mer. Léonard Corentin-Guyho conserva ce lieu sa vie durant. En 1866 son père fut élu conseiller général du Finistère ce qui favorisa l’ancrage breton de la famille. Épris de l’idéal démocratique, Léonard Corentin-Guyho embrassa lui-même une carrière politique en se faisant élire sous la bannière républicaine en 1876 dans l’arrondissement de Quimperlé. Aux côtés de Thiers et Gambetta – entre lesquels il joua le rôle d’intermédiaire - il devint l’un des adversaires les plus virulents de Mac-Mahon. Après la crise institutionnelle du 16 mai 1877, il fit en effet partie des signataires du « Manifeste des 363 » qui aboutit à la dissolution de la Chambre puis à la démission du chef de l’État deux ans plus tard. Réélu sur deux mandats en 1878 puis 1881, il échoua aux élections de 1885 et entra alors dans la magistrature. Il fut successivement avocat général à Amiens, procureur de la République à Nantes puis conseiller et avocat général à Paris. Il fit son grand retour à la vie politique –et en Finistère ! - en 1911 en étant élu conseiller général du canton de Pont-Aven. Réélu député en 1914, son élection fut toutefois invalidée par l’opposition radicale-socialiste et il dut patienter jusqu’en 1919 pour accomplir son ultime mandat qu’il ne put mener à son terme.
De l’homme on sait peu de choses si ce n’est qu’il avait un fort caractère qui le faisait redouter de ses adversaires politiques ! Fervent républicain, convaincu que ce régime était celui qui garantissait le mieux la liberté et la justice, il faisait de la politique par conviction, non par opportunisme. Il se consacra également à des travaux historiques sur le Second Empire et sur l'histoire du parlementarisme. Plusieurs ouvrages sont issus de ses recherches.
Il vécut la fin de sa vie dans l’ancien appartement occupé un temps par Jules Ferry. C’est dans cet appartement que se rendit dès 1923, Charles-Léon Godeby (1866-1952) – alors directeur du musée – à l’appel de la veuve du parlementaire qui voulait mettre à exécution les dernières volontés de son mari défunt. Ce dernier avait en effet émis le souhait de léguer sa collection d’œuvres d’art au musée de Quimper, à charge pour le musée d’effectuer la sélection. Le directeur du musée se rendit donc dans l’appartement de Corentin-Guyho et effectua un inventaire, pièce par pièce, des œuvres présentes. Une sélection de 230 œuvres et objets fut ensuite opérée. Le legs entra au musée en 1936.
L’originalité de cette collection repose sur son extrême éclectisme et, sa qualité, sur la valeur d’un grand nombre d’œuvres majeures. Les beaux-arts y sont en effet illustrés dans toute leur diversité : au-delà des peintures, dessins, gravures et sculptures, des objets d’art sont présents tels des céramiques, biscuits de porcelaine, ivoires, pièces de mobilier, tapisseries, de somptueux bijoux et même une statuette Bembé du Congo !
Dans le domaine de la peinture, Corentin-Guyho est le donateur de l’œuvre la plus ancienne du musée : le Saint Paul de Bartolo di Fredi exécuté à Sienne vers 1390-1400. Il a également permis de faire entrer dans les collections des paysages de l’École de Barbizon (par Harpignies et Diaz de la Peña), La Soupe d’Eugène Carrière (1886) ou encore Les Incompris de Devambez (1904). Dans cette vitrine figurent trois peintures d’inspiration orientaliste de Joseph Saint-Germier ainsi que la fabuleuse étude d’un dos féminin d’Henry Caro-Delvaille (vers 1908) qui vient en écho au magnifique dos sculpté de La Petite Boudeuse du Tourangeau François Sicard. Quelques pièces de grès - comme le vase de Lachenal ou le plat ajouré à décor floral - témoignent de l’importance de la vague japonisante au tournant du xxe siècle. Enfin, c’est dans ce même courant du Japonisme que peuvent être classés les bijoux de Lalique et de Dubret.