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Jean-Julien Lemordant (1878-1968) - "Contre le vent", 1905-1906 - Huile sur toile, 97 x 130 cm - Musée des beaux-arts de Quimper © Bernard Galeron

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Don d'un Lemordant

Le musée vient de recevoir en don ce tableau acquis en 1908 lors de l’exposition organisée à Paris par la Galerie Devambez. Son titre, "Contre le vent", ne laisse planer aucun doute sur la contemporanéité de sa création avec le décor de l’hôtel de l’Epée à Quimper, que conserve et expose magistralement le musée !

Il est probable que cette grande toile ait été peinte entre 1906 et 1908, date de son exposition et achat par la famille du donateur. Plutôt que d’une reprise de la composition conservée à Quimper, il s’agit d’une superbe variation sur un sujet qui a contribué à asseoir la notoriété de Lemordant. Cette fois-ci, le groupe endimanché des Bigoudens nous fait face, longeant l’anse d’une grande plage qui pourrait être celle de Pors Carn. La gamme chromatique est très proche de celle des compositions de l’hôtel de l’Epée. Le travail accordé aux reflets qui colorisent le sable mouillé est spectaculaire. A côté de la fluidité et de la mobilité de la touche qui balaie le ciel, on remarque également de forts empâtements appliqués sur les masses trapues et résignées des Bigoudens. Les visages fermés des femmes excluent toute forme de pittoresque. Négligeant l’anecdote, Lemordant transmet un regard franc sur le monde rude des paysans-pêcheurs de la pointe de Penmarc’h. Nul passéisme non plus dans la technique adoptée par l’artiste qui confirme son ambition de coloriste audacieux. On se souviendra qu’il connaissait Friesz depuis 1898, Dufy depuis 1900 et qu’il a croisé à l’atelier Moreau d’autres grands protagonistes du fauvisme comme Rouault, Matisse, Manguin et Camoin.

 

En acceptant le don de cette toile, le musée complète de belle façon le fonds consacré à cet artiste dont la carrière, notamment de peintre décorateur, s’annonçait des plus prometteuses. Les graves blessures reçues au cours de la Première Guerre mondiale y mirent, hélas, un terme. En dehors de l’ensemble majeur conçu pour l’hôtel de l’Epée, le musée ne conserve aucune œuvre équivalente et de la qualité de celle-ci. Son entrée dans les collections de Quimper permet de développer une intéressant section autour de personnalités ayant créé au début du XXe siècle dans le pays bigouden comme Lucien Simon ou Robert Delaunay.

Pièce en réserve pour quelques temps