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José de Charmoy (1879-1914) - "Vieille Bretonne", sans date [1911] - Terre cuite, 55 x 21 x 25.5 cm - musée des beaux-arts de Quimper © Frédéric Harster

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Nouveau don en section sculpture

L’auteur de cette œuvre, José de Charmoy, a été considéré après sa mort comme l’« une des figures les plus originales et un des plus hauts caractères de l’art au commencement du XXe siècle ». Cette "Vieille Bretonne" témoigne de sa singularité. L’œuvre découle d’un séjour que l’artiste fit en juillet 1911 à Huelgoat où, sur le pas d’une porte, il vit cette vieille femme qu’il prit pour modèle.

Don de Mme Josiane d’Emmerez de Charmoy, épouse Sanz

En mémoire de son grand-père José de Charmoy, 2021

 

« Ce Charmoy n’a qu’un défaut

C’est d’aimer trop la sculpture »

Guillaume Apollinaire,

« José de Charmoy », [1907] Chroniques d’art 1902-1918, Paris, Idées/Gallimard, 1960, p. 57

 

L’auteur de cette œuvre, José de Charmoy, a été considéré après sa mort comme l’« une des figures les plus originales et un des plus hauts caractères de l’art au commencement du xxe siècle ». Son œuvre sculpté, peu abondant et peu connu du grand public, est en effet assez marginal par rapport à la production sculptée de ses contemporains. Mêlant le symbolisme aux circonvolutions de l’Art nouveau, son art est très marqué par sa proximité avec les cercles littéraires de la Belle Époque. Ceci est corroboré par sa correspondance mais aussi par les sujets qu’il développa et dont beaucoup se rattachent aux personnalités du monde littéraire qu’il prit pour modèles à l’instar de Renan, Leconte de Lisle ou Baudelaire par exemple. Pour ce dernier il livra à la postérité le fantastique cénotaphe inauguré le 15 octobre 1902 au cimetière Montparnasse à Paris dont Armand Dayot salua la « puissance d’émotion » et le caractère « troublant ».

Cette Vieille Bretonne témoigne également de sa singularité, notamment par sa composition faite d’un socle polygonal très haut, surmonté d’une tête de vieille femme dont le visage aux pommettes hautes est strié de rides profondes. Loin d’être réaliste, cette figure est plutôt à rapprocher des visages grimaçants, presque simiesques, qui se répandirent à l’extrême fin du xixe siècle sous la double influence du Japon et de l’art médiéval. En 1903, Paul Vitry, dans l’article qu’il consacra aux masques dans Art et décoration, souligne d’ailleurs le « sens de la grimace colossale » de José de Charmoy.

Les sources concordent pour affirmer que l’œuvre découle d’un séjour que l’artiste fit en juillet 1911 à Huelgoat où, sur le pas d’une porte, il vit cette vieille femme qu’il prit pour modèle. La commune d’Huelgoat, située au cœur des Monts d’Arrée dans l’Argoat, se targuait alors d’être le « Fontainebleau breton » et attirait depuis la fin du xixe siècle une clientèle de touristes essentiellement britanniques. Le village avait également été le lieu de villégiature de Paul Sérusier durant plusieurs étés à partir de 1891.

Loin du pittoresque et des clichés, Charmoy livre donc ici une figure qui dépasse les frontières des « ismes » pour présenter un autre visage de la Bretagne dans lequel se mêlent de multiples influences et une recherche plastique singulière et originale.

Cette sculpture vient accroître d’une pièce majeure une collection qui est en cours d’étude et qui devrait - à terme - être davantage déployée dans les salles du musée afin d’offrir aux visiteurs une large ouverture vers d’autres formes artistiques encore sous-représentées dans les espaces d’expositions permanentes.

L'oeuvre est présentée au 1er étage dans l'espace faisant liaison entre les collections du Nord et l'Italie.