Collections

Restaurations

Les dernières années ont mis l’accent sur la restauration des œuvres du legs de Silguy (1864) et du legs Colomb (1893). Plusieurs œuvres, peu ou prou exposées depuis plusieurs années, voire depuis leur entrée dans les collections, ont fait l’objet d’une attention toute particulière. Sous un vernis jauni ou derrière quelque altération, les conservateurs, qu’ils soient du musée de Quimper ou d’autres institutions, ont reconnu la qualité esthétique et historique de plusieurs tableaux.

La collection du musée n’a pas fini de dévoiler toutes ses richesses…

Actualité des restaurations

Du côté des collections de peinture

Les efforts portent sur la restauration du décor de l'hôtel de Kermoor de Bénodet par la restauratrice locale Gwenola Corbin ainsi que sur les oeuvres suivantes prises en charge au C2RMF à Versailles.

Par ailleurs, 3 oeuvres récemment rentrées de restauration sont mises à l'honneur dans le hall du musée.

Henri IV et Gabrielle d’Estrées

Ce tableau est une totale redécouverte. Longtemps orphelin, il est rattaché, grâce au récolement en 2015, au tableau Renaud et Armide du legs Colomb de 1893. Récemment, Guillaume Kazerouni du musée des beaux-arts de Rennes a suggéré une autre iconographie : Henri IV et Gabrielle d’Estrées. Ce sujet est confirmé par un dessin passé en vente en 2005 et préempté par le musée national du château de Pau, dessin qui donne également une attribution à notre tableau : Charles Eisen.
La notice de Pau indique que le dessin est préparatoire à un tableau perdu, non daté, seulement connu par une estampe du graveur et éditeur Martin de Monchy. Ce tableau perdu est en réalité notre œuvre quimpéroise ! Les Goncourt qui possédaient le dessin lui trouvaient « la grâce d’un petit Boucher historique », impression sans doute partagée au vu de la signature vraisemblablement apocryphe découverte par les restaurateurs en bas à senestre : « Boucher, 1749 ».
L’œuvre est actuellement entre les mains expertes des restaurateurs Yolanta Mendili pour la couche picturale et Christian Chatellier pour le support, au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) à Versailles.
Il y a fort à parier que le tableau viendra compléter, après sa restauration, la thématique des amours galantes.

Choc de cavalerie

Brillamment réattribuée par Guillaume Kazerouni, responsable des collections d’art ancien du musée des beaux-arts de Rennes, cette toile appartient désormais au corpus encore étroit des œuvres sûres du Manchole, artiste d’origine flamande dont le sobriquet italien rappelle qu’il était manchot. Surtout, cet artiste intéresse notre modeste section de peintures françaises du XVIIe siècle car son souvenir reste attaché aux importantes commandes qu’il reçut du cardinal Mazarin. Ce dernier était réputé posséder une vingtaine de scènes de chasse et de combat du Manchole. Quand on sait que notre peinture était initialement prévue pour s’insérer dans un décor de boiseries comme le révèlent à la radiographie les pans coupés en partie inférieure de la toile, on peut aisément en imaginer l’usage décoratif qu’elle pouvait avoir dans un palais ou un hôtel particulier à Paris. Le travail de restauration, complexe et bien sûr nécessaire pour retrouver les qualités et la lisibilité de cette composition, portera tant sur la partie support que sur l’état de la couche picturale. Ce travail de plusieurs mois sera mené en 2021 par les équipes spécialisées du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France à Versailles. Soulignons enfin que le coût de cette restauration sera grandement supporté grâce au concours toujours actif de l’association des Amis du musée.
Cette scène de bataille frémissant de l’agitation des combats comptera parmi les belles redécouvertes de la collection de Jean-Marie de Silguy.

Restaurations 2019 en détails

Le retour de nos œuvres françaises du XVIIIe siècle après les expositions « Eloge du sentiment et de la sensibilité » qui ont eu lieu à Rennes et Nantes (février-mai 2019) nous a incité à revoir l’aménagement de nos salles pour présenter au public de nouvelles pépites. Une très belle Madeleine, sans doute fragment d’une crucifixion, fraîchement restaurée par Gwenola Corbin, ainsi qu’un Saint Jacques ou Saint Jean-Baptiste, de retour des ateliers versaillais du Centre de recherche et de restauration des musées de France, ont trouvé place près des chefs-d’œuvre de Fragonard et de Boucher.

Marie-Madeleine ?

Voici un tableau « à rebondissements ». Un temps appelé Femme esquissant un geste de dédain, attribué à un anonyme italien de la fin du 17e siècle, on la nomme actuellement Fragment d'une crucifixion : Marie-Madeleine au pied de la croix (?) et penche pour un anonyme français du 18e siècle. La restauration a en effet été riche de surprises car lors du dégagement des repeints, une main posée sur l’épaule de la jeune femme est apparue, ainsi qu’un drapé et en arrière-plan, ce qui semble être une femme en prière. Autant d’indices qui confirment que cette toile est sans doute un morceau d’une composition originale beaucoup plus grande.

A découvrir au 1er étage - salle 12

Saint Jean-Baptiste ?

Cette oeuvre est issue du legs Colomb en 1893, second legs fondateur des collections du musée des beaux-arts de Quimper après le legs de Silguy en 1864. Elle a été entreposée en réserves depuis plusieurs années. Nous ne disposons que de peu d'informations concernant ce tableau.
Il représente un saint à mi-corps, le visage levé au ciel. Le manque d'attributs rend difficile l'identification du personnage. Il est couronné d'une auréole et s'appuie sur un grand bâton. L'arrière-plan est neutre et s'anime par les rayons de la lumière divine qui arrivent de l'angle supérieur gauche et éclairent fortement le visage, la main et la partie claire de l'habit.
De prime abord, la composition fait penser aux nombreux portraits de saints en buste de la première moitié du 17e siècle exécutés en Italie ou en Espagne. la figure a été identifiée sans véritablement raison comme un saint Jean Baptiste.
La restauration permet d'autres hypothèses. L'exécution très rapide, presque esquissée par moments, ne correspond pas au 17e siècle mais plus au 18e. Le style est donc en décalage avec la composition toute 17e. S'agirait-il d'un artiste français du 18e reprenant une composition ancienne napolitaine ?
Quant au sujet, le rapprochement avec un dessin similaire orienterait vers un saint Roch ou un saint Jacques.
Il est encore difficile de statuer de façon définitive sur les questions qui entourent ce tableau...

A découvrir au 1er étage - salle 12

Le XVIIe français

Jusqu’il y a peu, on considérait que le musée était peu riche pour l’Ecole française du XVIIe siècle mais les redécouvertes dans les réserves ne laissent pas de le démentir. La Construction de l’arche de Noé, par exemple, est entrée dans nos collections grâce au legs de Jean-Marie de Silguy mais sous une mauvaise iconographie (Salomon faisant rebâtir le temple de Jérusalem) et a trouvé un auteur en la personne de Nicolas Bertin (1667-1736) et une date (1685) lorsque l’historien de l’art Guillaume Kazerouni a déniché le tableau définitif à Lisbonne ! L'oeuvre a été restaurée par la professionnelle Françoise Le Corre.

A découvrir au 1er étage - salle 11

Restaurations 2018 en détails

Les oeuvres peuvent être restaurées au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Versailles. Une dizaine d'oeuvres anciennes ont pu ces dernières années bénéficier d’une imagerie scientifique complète (notamment photographies infra rouge et ultraviolet)
Quatre tableaux sont rentrés au bercail après deux à trois ans d’étude. Restent à trouver désormais leurs auteurs. Ferdinand Voet pour le Portrait de femme ? Un Français du XVIIIe siècle pour le Portrait de Saint Jean-Baptiste ? (voir ci-dessus). Un Français ou un Italien du XVIIe pour l’Allégorie de la peinture, splendide et énigmatique panneau d’acajou ? Et que dire de l’iconographie du tableau représentant, selon son titre du XIXe siècle, un écrivain public ?

> Voir ces oeuvres avant restauration (PDF-1,4 Mo- FR)

Certaines de ces oeuvres sont à découvrir au 1er étage - salles 10 (Allégorie de la peinture) et 12 (Saint Jean-Baptiste ?). Les autres sont en réserves.


Datable des années 1645-1650, ce charmant tableau a sans doute été peint pour le cabinet d’un amateur. Le sujet, que François Perrier a développé dans une version plus ample conservée au Louvre, est tiré des Métamorphoses d’Ovide et ne pouvait que séduire un public de collectionneurs cultivés. Il s’agit donc d’une œuvre très intéressante pour notre petite galerie de peintures françaises du XVIIe siècle. Malheureusement, un vernis très oxydé et des repeints fortement altérés avaient considérablement amoindri le pouvoir de cette séduction de cette composition habile. Un bichonnage par Isabelle Chochod puis une restauration plus approfondie par Gwenola Corbin ont permis de raviver les belles qualités plastiques de cette toile pleine de verve qui a retrouvé depuis le voisinage de ses contemporains.

A découvrir au 1er étage en peinture française - salle 11

Ce tableau portait une généreuse attribution à Velázquez. On se contentera plus prudemment de rattacher cette œuvre au cercle des artistes napolitains d’obédience caravagesque. Son état de surface, très empoussiéré et avec un vernis fortement oxydé ne permettait plus d’en apprécier les franches qualités. Grâce aux interventions conjuguées de Gwenola Corbin et Françoise Le Corre, la belle texture des carnations du visage a retrouvé une jouvence qui renforce l’humanité de cette tête méditative. Par ailleurs, la couverture réalisée en imagerie scientifique par le laboratoire Arc’Antique permet d’indiquer qu’il s’agit d’une étude autonome et non d’un fragment d’une composition plus complexe.

Cette oeuvre est présentée dans le hall du musée.

L'incroyable campagne mécénée des tableaux italiens

Entre 2009 et 2011, plus d’une trentaine de tableaux italiens ont été restaurés, avec le soutien financier de la fondation BNP Paribas.

 

 

 

 

 

Et la sculpture ?

Notre public a en tête le fascinant plâtre de Rodin Les Ombres ou encore les sculptures de Pradier ou de Quillivic mais vous avez peut-être aperçu depuis l'été 2019 au détour de l’escalier principal une charmante statue représentant un jeune garçon accroupi jouant avec une araignée dont le noir profond tranche avec la blancheur du marbre. Cette œuvre L’Araignée d’Honoré Icard est entrée au musée en 1892. Un dépoussiérage et un nettoyage par la restauratrice agréée Marlène Roca nous permettent aujourd’hui de la mettre à l’honneur parmi les collections du XIXe, tandis que le buste de Charles du Couëdic, prendra place ultérieurement en salle XVIIIe où les deux frères, André Brenet, sculpteur et Nicolas-Guy, peintre, seront réunis.


Côté arts graphiques

Marine Letouzey, spécialisée en arts graphiques, a dépoussiéré, nettoyé, comblé et renforcé un dessin d’Edmé Bouchardon, redécouvert par la conservatrice du Louvre, Juliette Trey, et qui revêt une importance exceptionnelle car c’est l’une des trois seules études connues pour le génie de l’Eté de la fontaine de Grenelle à Paris (les deux autres sont au Louvre et à Karlsruhe).


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