Le parcours de Vivian Maier (New York, 1926 – Chicago, 2009) est atypique mais c’est pourtant celui d’une des plus grandes photographes du XXe siècle. C’est au cœur de la société américaine, à New York dès 1951 puis à Chicago à partir de 1956, que cette gouvernante d’enfants observe méticuleusement ce tissu urbain qui reflète déjà les grandes mutations sociales et politiques de son histoire. C’est le temps du rêve américain et de la modernité surexposée dont l’envers du décor constitue l’essence même de l’œuvre de Vivian Maier. Gouvernante pendant plus de quarante ans, elle passa, en tant que photographe, totalement inaperçue jusqu’à la récente découverte en 2007 d’un incroyable corpus photographique.
Au cœur des préoccupations de Vivian Maier, les scènes de rue de New York puis de Chicago sont à découvrir au Musée des Beaux-Arts de Quimper. Elle immortalise en une fraction de seconde des instantanés de vie de parfaits inconnus, d’anonymes avec lesquels elle partage une destinée et une humanité communes. Des gestes, des détails, un regard, une situation, rien n’échappe à son Rolleiflex qui lui permet de rester discrète. Le monde de l’enfance l’inspire et imprègne son travail.
Au Musée de Pont-Aven, , l’autoportrait, sujet récurrent chez Vivian Maier et jamais exploré en France dans son intégralité, est à l’honneur, incarnation de la quête éperdue de sa propre identité. Se dédoublant, elle mêle subtilement jeux d’ombres et de miroirs, de réflexion(s) sur elle-même, maniant avec une grande habileté les angles, les détails, la lumière et les cadrages. Ces autoportraits interrogent : ne sont-ils pas pour elle un moyen d’exprimer la quête de sa propre identité ?