PAYSAGE DE MER
1961
Huile sur toile
2015-4-1
Achat auprès de Sotheby’s en 2015 avec l’aide du FRAM
H. 50 cm - L. 100 cm
En 1981, le musée consacre une importante rétrospective à Jean Bazaine qui donne alors les six magnifiques cartons des vitraux que Bazaine a réalisés pour la chapelle de la Madeleine à Penmarc’h. En 2015, le musée saisit l’opportunité d’une vente aux enchères pour acquérir une œuvre, Paysage de mer, qui ne peut laisser le visiteur indifférent.
On retrouve dans cette huile sur toile de 1961 toute l’intention émotionnelle d’un Bazaine subjugué par la force d’une nature qu’il découvre à Saint-Guénolé à l’extrémité du Pays bigouden en 1936. Confronté au combat incessant des éléments, l’artiste s’engouffre dans la couleur pour tenter de traduire le sentiment grandiose qu’il ressent devant la mer et le vent. Face à ce jaillissement de la nature, il déploie toute la richesse des couleurs pour en faire une orchestration lumineuse.
Dans ce Paysage de mer, les variations de bleus et de violet s’entrechoquent avec les taches de rouge : il joue avec les effets de lumière, les enchevêtrements de lignes et de couleurs pour faire miroiter la surface de sa toile et capter les changements d’humeur du ciel et l’impétuosité du vent, ce vent « biblique » comme il aime à le qualifier. Cet affrontement des éléments, Bazaine le ressent dans sa peinture. Il a beaucoup écrit, chose de plus en plus rare, sur l’art et sur sa lutte contre la toile blanche, notamment dans son ouvrage de 1973, Exercice sur la peinture.
Enchevêtrement de taches où je patauge, folie des bleus désaccordés où je m’enlise, quel autre espoir de m’en sortir que de m’y enfoncer plus avant ? Comment tisser, entre des taches à la dérive, un réseau de forces et d’appels, proches ou lointains, dans la brusque apparition d’un espace, d’une lumière ? Quelle tension créera, entre toutes ces possibilités d’espaces contradictoires, celui qui, comme un grand vent unit un paysage désaccordé, emportera le tout ?.
Bazaine envisage la peinture comme un élan, une plongée, un engagement du corps. Sa relation à la nature, tout comme à la peinture, est viscéralement charnelle : ne dit-il pas lui-même qu’il est « sensible à la présence prodigieuse du monde » ? Abandonnant la figuration pour ce qu’on appelle faute de mieux, la non-figuration, plus que l’abstraction (car toujours chez Bazaine, émerge une référence au réel), il cherche, par la couleur, la ligne et la lumière, à « voir l’invisible », pour reprendre le titre de l’essai du philosophe Michel Henry sur Kandinsky. Cette recherche s’apparente à une quête de la transcendance et du sacré, à une mystique du paysage, détachée de tout sens religieux.
PAYSAGE DE MER
1961
Huile sur toile
2015-4-1
Achat auprès de Sotheby’s en 2015 avec l’aide du FRAM
H. 50 cm - L. 100 cm
En 1981, le musée consacre une importante rétrospective à Jean Bazaine qui donne alors les six magnifiques cartons des vitraux que Bazaine a réalisés pour la chapelle de la Madeleine à Penmarc’h. En 2015, le musée saisit l’opportunité d’une vente aux enchères pour acquérir une œuvre, Paysage de mer, qui ne peut laisser le visiteur indifférent.
On retrouve dans cette huile sur toile de 1961 toute l’intention émotionnelle d’un Bazaine subjugué par la force d’une nature qu’il découvre à Saint-Guénolé à l’extrémité du Pays bigouden en 1936. Confronté au combat incessant des éléments, l’artiste s’engouffre dans la couleur pour tenter de traduire le sentiment grandiose qu’il ressent devant la mer et le vent. Face à ce jaillissement de la nature, il déploie toute la richesse des couleurs pour en faire une orchestration lumineuse.
Dans ce Paysage de mer, les variations de bleus et de violet s’entrechoquent avec les taches de rouge : il joue avec les effets de lumière, les enchevêtrements de lignes et de couleurs pour faire miroiter la surface de sa toile et capter les changements d’humeur du ciel et l’impétuosité du vent, ce vent « biblique » comme il aime à le qualifier. Cet affrontement des éléments, Bazaine le ressent dans sa peinture. Il a beaucoup écrit, chose de plus en plus rare, sur l’art et sur sa lutte contre la toile blanche, notamment dans son ouvrage de 1973, Exercice sur la peinture.
Enchevêtrement de taches où je patauge, folie des bleus désaccordés où je m’enlise, quel autre espoir de m’en sortir que de m’y enfoncer plus avant ? Comment tisser, entre des taches à la dérive, un réseau de forces et d’appels, proches ou lointains, dans la brusque apparition d’un espace, d’une lumière ? Quelle tension créera, entre toutes ces possibilités d’espaces contradictoires, celui qui, comme un grand vent unit un paysage désaccordé, emportera le tout ?.
Bazaine envisage la peinture comme un élan, une plongée, un engagement du corps. Sa relation à la nature, tout comme à la peinture, est viscéralement charnelle : ne dit-il pas lui-même qu’il est « sensible à la présence prodigieuse du monde » ? Abandonnant la figuration pour ce qu’on appelle faute de mieux, la non-figuration, plus que l’abstraction (car toujours chez Bazaine, émerge une référence au réel), il cherche, par la couleur, la ligne et la lumière, à « voir l’invisible », pour reprendre le titre de l’essai du philosophe Michel Henry sur Kandinsky. Cette recherche s’apparente à une quête de la transcendance et du sacré, à une mystique du paysage, détachée de tout sens religieux.