École française des 17e et 18e siècles

MITHRIDATE DEVIENT AMOUREUX DE STRATONICE

Louis-François LAGRENÉE (1724-1805)

1775-1780

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Louis-François Lagrenée (1724-1805) Mithridate devient amoureux de Stratonice, 1775-1780, huile sur toile, 59,5 x 73,6 cm © Musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur toile

873-1-363

Legs de Silguy, 1864

H. 59,5 cm - L. 73,6 cm

Étudiante en 3e cycle à l'Ecole du Louvre, Natalia Kapyrina a réalisé en 2012 un mémoire de recherche de Master II Histoire de l'art et de l'architecture sur L'état de la recherche sur Louis Jean-François Lagrenée, dit l'aîné (1724-1805) à l'Université de Strasbourg sous la direction du Professeur Martial Guédron. Dans ce cadre, elle propose une nouvelle identification du tableau conservé au musée.

Le tableau de Louis Jean-François Lagrenée (1724-1805) conservé au musée des beaux-arts de Quimper est représentatif des petits ouvrages, très convoités par les amateurs, de ce peintre majeur de la seconde moitié du XVIIIe siècle dans sa période de maturité. Cependant aucune mention d’une œuvre de Lagrenée dit l’aîné portant sur le sujet d’Esther et Assuérus exposée au Salon ne nous est parvenue. Plus encore, la comparaison avec d’autres peintures traitant de ce sujet tiré du Livre d’Esther par Rembrandt, Jean-François de Troy, Jan Steen, Nicolas Poussin, Le Tintoret, induit quelques interrogations : la dimension tragique du sujet semble avoir disparu, les expressions des personnages principaux sont douces, le nombre de convives féminines interpelle. Ces questions principalement d’ordre iconographique amènent à s’interroger davantage sur le corpus de Lagrenée l’aîné et d’explorer les sources écrites relatives aux Salons. Parmi les documents liés au Salon de 1779, on retrouve plusieurs témoignages commentant et louant un tableau de Lagrenée l’aîné intitulé Mithridate devient amoureux de Stratonice qui chante devant lui pendant qu'il est à table avec ses femmes (n° 6 du livret du Salon). Ce tableau a été égaré au gré des ventes successives, ayant à l’origine appartenu au marquis de Cossé. Il faut dire que le souvenir de Louis Jean-François Lagrenée a également été affaibli, ce Professeur de l’Académie Royale de peinture et sculpture, Directeur de l’Académie de France à Rome, a connu au cours du XIXe siècle un sort critique déplorable. Or ses œuvres nombreuses présentent un véritable intérêt pour l’étude de l’art français de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à une période marquée par des changements profonds. En comparant l’iconographie du tableau de Quimper avec ces descriptions variées, on reconnaît assez aisément l’identité de ce tableau avec celui de Quimper. Non seulement les descriptions écrites sont ici utiles, mais également on doit beaucoup à la vignette croquée par Gabriel de Saint-Aubin sur laquelle on distingue aisément les deux personnages principaux. On comprend donc que dans ce cadre somptueux, attablé avec ses épouses, le roi Mithridate s’éprend de la belle Stratonice, dont le chant est transmis par des accessoires symboliques (lyre, portées musicales). La maîtrise par le peintre de l’art des expressions rend la scène vivante, les modèles, que l’on reconnait dans d’autres œuvres, sont choisis et reproduits avec soin. Les gestes sont gracieux, les couleurs vives, les accords subtils, un équilibre général règne sur la composition. Il faut également noter la rareté de ce sujet tiré du Recueil de Rollin (Tome X), or Lagrenée l’aîné affectionnait particulièrement ce type de sujets rares.

École française des 17e et 18e siècles

MITHRIDATE DEVIENT AMOUREUX DE STRATONICE

Louis-François LAGRENÉE (1724-1805)

1775-1780

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Louis-François Lagrenée (1724-1805) Mithridate devient amoureux de Stratonice, 1775-1780, huile sur toile, 59,5 x 73,6 cm © Musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur toile

873-1-363

Legs de Silguy, 1864

H. 59,5 cm - L. 73,6 cm

Étudiante en 3e cycle à l'Ecole du Louvre, Natalia Kapyrina a réalisé en 2012 un mémoire de recherche de Master II Histoire de l'art et de l'architecture sur L'état de la recherche sur Louis Jean-François Lagrenée, dit l'aîné (1724-1805) à l'Université de Strasbourg sous la direction du Professeur Martial Guédron. Dans ce cadre, elle propose une nouvelle identification du tableau conservé au musée.

Le tableau de Louis Jean-François Lagrenée (1724-1805) conservé au musée des beaux-arts de Quimper est représentatif des petits ouvrages, très convoités par les amateurs, de ce peintre majeur de la seconde moitié du XVIIIe siècle dans sa période de maturité. Cependant aucune mention d’une œuvre de Lagrenée dit l’aîné portant sur le sujet d’Esther et Assuérus exposée au Salon ne nous est parvenue. Plus encore, la comparaison avec d’autres peintures traitant de ce sujet tiré du Livre d’Esther par Rembrandt, Jean-François de Troy, Jan Steen, Nicolas Poussin, Le Tintoret, induit quelques interrogations : la dimension tragique du sujet semble avoir disparu, les expressions des personnages principaux sont douces, le nombre de convives féminines interpelle. Ces questions principalement d’ordre iconographique amènent à s’interroger davantage sur le corpus de Lagrenée l’aîné et d’explorer les sources écrites relatives aux Salons. Parmi les documents liés au Salon de 1779, on retrouve plusieurs témoignages commentant et louant un tableau de Lagrenée l’aîné intitulé Mithridate devient amoureux de Stratonice qui chante devant lui pendant qu'il est à table avec ses femmes (n° 6 du livret du Salon). Ce tableau a été égaré au gré des ventes successives, ayant à l’origine appartenu au marquis de Cossé. Il faut dire que le souvenir de Louis Jean-François Lagrenée a également été affaibli, ce Professeur de l’Académie Royale de peinture et sculpture, Directeur de l’Académie de France à Rome, a connu au cours du XIXe siècle un sort critique déplorable. Or ses œuvres nombreuses présentent un véritable intérêt pour l’étude de l’art français de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, à une période marquée par des changements profonds. En comparant l’iconographie du tableau de Quimper avec ces descriptions variées, on reconnaît assez aisément l’identité de ce tableau avec celui de Quimper. Non seulement les descriptions écrites sont ici utiles, mais également on doit beaucoup à la vignette croquée par Gabriel de Saint-Aubin sur laquelle on distingue aisément les deux personnages principaux. On comprend donc que dans ce cadre somptueux, attablé avec ses épouses, le roi Mithridate s’éprend de la belle Stratonice, dont le chant est transmis par des accessoires symboliques (lyre, portées musicales). La maîtrise par le peintre de l’art des expressions rend la scène vivante, les modèles, que l’on reconnait dans d’autres œuvres, sont choisis et reproduits avec soin. Les gestes sont gracieux, les couleurs vives, les accords subtils, un équilibre général règne sur la composition. Il faut également noter la rareté de ce sujet tiré du Recueil de Rollin (Tome X), or Lagrenée l’aîné affectionnait particulièrement ce type de sujets rares.

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