École française 19e siècle

LA VAGUE

Lionel Walden (1861-1933)

1908

Agrandir l'image jpg 310Ko (Voir légende ci-après) (fenêtre modale)
Lionel Walden (1861-1933) La Vague, 1908, huile sur toile, 53 x 72 cm © musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur toile

2014-4-1

Don d’Élisabeth Willmott et Jean-David Jumeau-Lafond en mémoire de Jean et Jacqueline Jumeau-Lafond

H. 53 cm - L. 72 cm

Né à Norwich dans le Connecticut, Lionel Walden compte parmi les meilleurs peintres d’outre-Atlantique venus en France pour suivre l’enseignement des maîtres. Fils d’un pasteur de l’Église épiscopale, le jeune homme s’était initié à l’art dans le Minnesota avant de quitter les États-Unis pour s’installer à Paris où il étudia avec Carolus-Duran, dont l’atelier accueillait de nombreux artistes anglais et américains. En dehors de divers séjours en Angleterre (1893-1897) et à Hawaï (après 1911), le peintre ne devait plus quitter la France, jusqu’à sa mort accidentelle, due à une chute dans un jardin du haut d’un escalier,  en 1931. Walden était un « peintre de la mer », au sens le plus noble du terme. Sa fascination pour elle était telle que même lorsqu’il s’intéressa à la poésie du monde moderne et peignit voies ferrées et locomotives, c’est dans des ports qu’il les situa. Ainsi des Docks de Cardiff, acquis par l’État en 1896 (Paris, Musée d’Orsay) ; la fumée de la machine et les rails luisants s’y mêlent aux silhouettes nocturnes des navires et à l’atmosphère brumeuse de l’océan. Délaissant ces scènes qui témoignent de la fascination qu’exerçait la révolution industrielle sur les artistes, Walden ne peignit bientôt plus que la mer pour elle-même. Cette évolution révèle peut-être une forme de rejet de la civilisation au profit d’un monde demeuré sauvage. Ainsi, dans les années 1920, Walden peindra-t-il à bord du paquebot France,  mais il n’en représentera que le sillage…  Avide de rivages lointains, le peintre découvrit Hawaï  à l’invitation de son confrère Kimo Wilder (1868-1934). Le musée d’Honolulu conserve ce que l’on considère comme les plus belles représentations jamais peintes des côtes pacifiques et Walden conçut aussi un grand décor pour le théâtre d’Hawaï. En France, c’est la Bretagne qui emportait sa prédilection. Walden fréquenta tout spécialement la région de Concarneau et la pointe de Beg-Meil semble avoir été l’un de ses lieux préférés. Le lycée agricole de Bréhoulou (Fouesnant) conserve en effet cinq grandes peintures de l’artiste qui attestent de ses liens avec la région. De l’enseignement de Carolus-Duran, Walden retint une forme de réalisme plein d’acuité transcendé par une manière de peindre à la fois énergique et virtuose. Les marines de l’artiste ne sont ainsi en rien académiques et l’on n’y trouvera nulle anecdote. Avec La Vague, qui date de 1908, Walden en donne un exemple saisissant : une vue de pleine mer, au creux des vagues, qui héroïse l’océan avec une théâtralité puissante. Le ciel crépusculaire dont les teintes rougeoyantes se reflètent dans les flots, n’occupe qu’un cinquième de la toile tandis que le point de vue se situe au cœur de la houle et de ses infinies nuances de bleu et de vert. L’horizon en est absent, masqué par de nouvelles lames. Écumante, la vague culmine, saisie dans une sorte d’apothéose. Ni réaliste, ni impressionniste, et encore moins académique, l’œuvre de Walden, pleine d’une poésie puissante, panthéiste et tragique, s’apparente plutôt à un symbolisme très personnel et inclassable. C’est que, tant du point de vue pictural que thématique, le peintre était un esprit indépendant, auquel seyait sans doute le message de Baudelaire :

Homme libre, toujours, tu chériras la mer.

Jean-David Jumeau-Lafond, historien de l'art

École française 19e siècle

LA VAGUE

Lionel Walden (1861-1933)

1908

Agrandir l'image jpg 310Ko (Voir légende ci-après) (fenêtre modale)
Lionel Walden (1861-1933) La Vague, 1908, huile sur toile, 53 x 72 cm © musée des beaux-arts de Quimper

Huile sur toile

2014-4-1

Don d’Élisabeth Willmott et Jean-David Jumeau-Lafond en mémoire de Jean et Jacqueline Jumeau-Lafond

H. 53 cm - L. 72 cm

Né à Norwich dans le Connecticut, Lionel Walden compte parmi les meilleurs peintres d’outre-Atlantique venus en France pour suivre l’enseignement des maîtres. Fils d’un pasteur de l’Église épiscopale, le jeune homme s’était initié à l’art dans le Minnesota avant de quitter les États-Unis pour s’installer à Paris où il étudia avec Carolus-Duran, dont l’atelier accueillait de nombreux artistes anglais et américains. En dehors de divers séjours en Angleterre (1893-1897) et à Hawaï (après 1911), le peintre ne devait plus quitter la France, jusqu’à sa mort accidentelle, due à une chute dans un jardin du haut d’un escalier,  en 1931. Walden était un « peintre de la mer », au sens le plus noble du terme. Sa fascination pour elle était telle que même lorsqu’il s’intéressa à la poésie du monde moderne et peignit voies ferrées et locomotives, c’est dans des ports qu’il les situa. Ainsi des Docks de Cardiff, acquis par l’État en 1896 (Paris, Musée d’Orsay) ; la fumée de la machine et les rails luisants s’y mêlent aux silhouettes nocturnes des navires et à l’atmosphère brumeuse de l’océan. Délaissant ces scènes qui témoignent de la fascination qu’exerçait la révolution industrielle sur les artistes, Walden ne peignit bientôt plus que la mer pour elle-même. Cette évolution révèle peut-être une forme de rejet de la civilisation au profit d’un monde demeuré sauvage. Ainsi, dans les années 1920, Walden peindra-t-il à bord du paquebot France,  mais il n’en représentera que le sillage…  Avide de rivages lointains, le peintre découvrit Hawaï  à l’invitation de son confrère Kimo Wilder (1868-1934). Le musée d’Honolulu conserve ce que l’on considère comme les plus belles représentations jamais peintes des côtes pacifiques et Walden conçut aussi un grand décor pour le théâtre d’Hawaï. En France, c’est la Bretagne qui emportait sa prédilection. Walden fréquenta tout spécialement la région de Concarneau et la pointe de Beg-Meil semble avoir été l’un de ses lieux préférés. Le lycée agricole de Bréhoulou (Fouesnant) conserve en effet cinq grandes peintures de l’artiste qui attestent de ses liens avec la région. De l’enseignement de Carolus-Duran, Walden retint une forme de réalisme plein d’acuité transcendé par une manière de peindre à la fois énergique et virtuose. Les marines de l’artiste ne sont ainsi en rien académiques et l’on n’y trouvera nulle anecdote. Avec La Vague, qui date de 1908, Walden en donne un exemple saisissant : une vue de pleine mer, au creux des vagues, qui héroïse l’océan avec une théâtralité puissante. Le ciel crépusculaire dont les teintes rougeoyantes se reflètent dans les flots, n’occupe qu’un cinquième de la toile tandis que le point de vue se situe au cœur de la houle et de ses infinies nuances de bleu et de vert. L’horizon en est absent, masqué par de nouvelles lames. Écumante, la vague culmine, saisie dans une sorte d’apothéose. Ni réaliste, ni impressionniste, et encore moins académique, l’œuvre de Walden, pleine d’une poésie puissante, panthéiste et tragique, s’apparente plutôt à un symbolisme très personnel et inclassable. C’est que, tant du point de vue pictural que thématique, le peintre était un esprit indépendant, auquel seyait sans doute le message de Baudelaire :

Homme libre, toujours, tu chériras la mer.

Jean-David Jumeau-Lafond, historien de l'art

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