Actif dans la guilde des peintres d'Utrecht à partir de 1625 et jusqu'à la fin de sa carrière, Jan Van Bijlert fut fortement influencé dans ses premières œuvres par le mouvement caravagesque de sa ville natale. Peintre de festins, de scènes mythologiques, historiques ou religieuses, il élabore peu à peu un style plus personnel, imprégné de classicisme, où les figures à mi-corps sont rendues dans des couleurs claires et contrastées.

Cette œuvre fait place à différentes interprétations : s'agit-il du portrait d'une femme avec ses deux enfants (la propre famille du peintre ?), d'une Vierge avec l'Enfant Jésus et le petit Jean-Baptiste ?, d'une allégorie de la Charité ou d'une évocation de l'amour maternel ? Van Bijlert, bien que membre de l'église réformée, travaillait à Utrecht pour une clientèle souvent catholique et certaines de ses Madones sont sans auréole. Mais l'artiste a visiblement cherché à faire coexister l'image  d'une Vierge à l'Enfant et celle de l'amour maternel ou filial. Il obtient avec un extrême raffinement de ton et de rendu (le soyeux des étoffes) et une grande pureté lumineuse la fusion d'éléments contradictoires : prosaïsme et  idéalisation, noblesse et familiarité.

Texte d'après Jacques Foucart

Catalogue "Tableaux flamands et hollandais du musée des Beaux-Arts de Quimper", 1987