Art des 20e et 21e siècles

DOUARNENEZ

Jean LE MOAL (1909-2007)

1946

Agrandir l'image jpg 232Ko (Voir légende ci-après) (fenêtre modale)
Jean Le Moal (1909-2007) - Douarnenez, 1946 - huile sur papier marouflé sur isorel, 60 x 92 cm - musée des beaux-arts de Quimper © ADAGP, Paris 2018

Huile sur papier marouflé sur isorel

2016-6-1

Achat dans le commerce de l'art en 2016

H. 60 cm - L. 92 cm

Jean Le Moal, si son nom ne résonne pas encore aux oreilles de tous les publics, a été le compagnon de toutes les aventures picturales des années d’après-guerre au même titre qu’un Bazaine ou un Manessier. Il naît en 1909 dans l‘Eure-et-Loir où son père d’origine bretonne s’est installé du fait de son poste d’ingénieur des travaux publics. Son lien avec la Bretagne reste vivace tout au long de sa vie. Ainsi durant la Première Guerre mondiale, il séjourne pendant six mois à Brest, fasciné par la mer et les récits de son grand-père paternel qui a terminé  sa carrière comme directeur du port de Brest. Est-ce à ce moment-là qu’il découvre Douarnenez, sujet de ce tableau ? Difficile de le dire car les occasions de découvrir ce port sont multiples dans les années suivantes.

En effet, en 1929, il peint ses premières toiles sur le motif, notamment La Mer à Lampaul-Plouarzel et d’autres paysages mais plutôt dans le nord du Finistère. Durant l'été 1934, Le Moal séjourne de nouveau en Bretagne, peint notamment le port de Camaret.

Continuons encore dans le temps pour comprendre comment il est arrivé à cette représentation de Douarnenez. En 1936, pendant l’été, il séjourne à Vannes où son père est installé et peint des compositions désertiques de barques et  menhirs  dans le climat d'un surréalisme diffus. Puis vient la guerre. Durant l’Occupation, en 1941, Jean Le Moal participe à l’exposition des Vingt jeunes peintres de tradition française, en résistance à l’Entartete Kunst des Nazis. Il crée également costumes et décors pendant deux ans pour des troupes de théâtre. Fuyant le service de travail obligatoire, il séjourne un temps à Vannes, chez son père. Ce séjour est déterminant : il se consacre entièrement à la peinture et son travail effréné va peu à peu le conduire au seuil de la non-figuration.

 Et pour en revenir à Douarnenez, cette huile sur papier marouflé sur isorel fait vraiment partie d’un ensemble de trois peintures qui datent toutes de 1946 et qui représentent toutes un environnement marin qui témoignent d’une manière très significative du passage de Le Moal à la non-figuration.

En effet, Il se libère totalement de la représentation traditionnelle du paysage et crée un espace architecturé et fragmenté au chromatisme intense où l’on peut sentir les apports des révolutions cubiste et fauve. Quelques éléments réalistes structurent encore la toile : on devine la coque des barques, les mâts, peut-être une voile mais le regard est surtout happé par ces lignes verticales et obliques d’un noir épais qui retiennent l’éclat des couleurs qui tournent autour du bleu, du jaune et du rouge. C’est le rythme du visible que Le Moal donne à voir.

Ce maillage du tableau rappelle l’art du vitrail, de ces plombs qui encadrent couleurs et lumière dans les églises. Et ce n’est sans doute pas un hasard car Jean Le Moal va exceller dans l’art du vitrail en Bretagne après-guerre, on peut citer ses créations à l’église Saint-Melaine à Renne, Saint Martin à Brest, Notre-Dame de la paix au Pouldu, les cathédrales de Saint-Malo et de Nantes.

Peu à peu, Jean Le Moal pousse la figuration à la limite de la lisibilité et Douarnenez en est un des premiers jalons.

Art des 20e et 21e siècles

DOUARNENEZ

Jean LE MOAL (1909-2007)

1946

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Jean Le Moal (1909-2007) - Douarnenez, 1946 - huile sur papier marouflé sur isorel, 60 x 92 cm - musée des beaux-arts de Quimper © ADAGP, Paris 2018

Huile sur papier marouflé sur isorel

2016-6-1

Achat dans le commerce de l'art en 2016

H. 60 cm - L. 92 cm

Jean Le Moal, si son nom ne résonne pas encore aux oreilles de tous les publics, a été le compagnon de toutes les aventures picturales des années d’après-guerre au même titre qu’un Bazaine ou un Manessier. Il naît en 1909 dans l‘Eure-et-Loir où son père d’origine bretonne s’est installé du fait de son poste d’ingénieur des travaux publics. Son lien avec la Bretagne reste vivace tout au long de sa vie. Ainsi durant la Première Guerre mondiale, il séjourne pendant six mois à Brest, fasciné par la mer et les récits de son grand-père paternel qui a terminé  sa carrière comme directeur du port de Brest. Est-ce à ce moment-là qu’il découvre Douarnenez, sujet de ce tableau ? Difficile de le dire car les occasions de découvrir ce port sont multiples dans les années suivantes.

En effet, en 1929, il peint ses premières toiles sur le motif, notamment La Mer à Lampaul-Plouarzel et d’autres paysages mais plutôt dans le nord du Finistère. Durant l'été 1934, Le Moal séjourne de nouveau en Bretagne, peint notamment le port de Camaret.

Continuons encore dans le temps pour comprendre comment il est arrivé à cette représentation de Douarnenez. En 1936, pendant l’été, il séjourne à Vannes où son père est installé et peint des compositions désertiques de barques et  menhirs  dans le climat d'un surréalisme diffus. Puis vient la guerre. Durant l’Occupation, en 1941, Jean Le Moal participe à l’exposition des Vingt jeunes peintres de tradition française, en résistance à l’Entartete Kunst des Nazis. Il crée également costumes et décors pendant deux ans pour des troupes de théâtre. Fuyant le service de travail obligatoire, il séjourne un temps à Vannes, chez son père. Ce séjour est déterminant : il se consacre entièrement à la peinture et son travail effréné va peu à peu le conduire au seuil de la non-figuration.

 Et pour en revenir à Douarnenez, cette huile sur papier marouflé sur isorel fait vraiment partie d’un ensemble de trois peintures qui datent toutes de 1946 et qui représentent toutes un environnement marin qui témoignent d’une manière très significative du passage de Le Moal à la non-figuration.

En effet, Il se libère totalement de la représentation traditionnelle du paysage et crée un espace architecturé et fragmenté au chromatisme intense où l’on peut sentir les apports des révolutions cubiste et fauve. Quelques éléments réalistes structurent encore la toile : on devine la coque des barques, les mâts, peut-être une voile mais le regard est surtout happé par ces lignes verticales et obliques d’un noir épais qui retiennent l’éclat des couleurs qui tournent autour du bleu, du jaune et du rouge. C’est le rythme du visible que Le Moal donne à voir.

Ce maillage du tableau rappelle l’art du vitrail, de ces plombs qui encadrent couleurs et lumière dans les églises. Et ce n’est sans doute pas un hasard car Jean Le Moal va exceller dans l’art du vitrail en Bretagne après-guerre, on peut citer ses créations à l’église Saint-Melaine à Renne, Saint Martin à Brest, Notre-Dame de la paix au Pouldu, les cathédrales de Saint-Malo et de Nantes.

Peu à peu, Jean Le Moal pousse la figuration à la limite de la lisibilité et Douarnenez en est un des premiers jalons.

Interprétation sonore de "Douarnenez de Jean Le Moal © Le Reuz

Jean Le Moal Douarnenez

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