Maurice Denis découvre le pays bigouden en 1894. Cette année, il passe tout l’été à Loctudy louant une maison à Pierre Rolland, épicier du bourg. Appréciant les paysages et les habitants, l’artiste compose plusieurs peintures dont certaines comptent parmi les chefs-d’œuvre de sa période nabi. Cette toile, imprégnée d’une atmosphère recueillie, dévoile un vaste panorama marin depuis la fenêtre ouverte sur la baie. Au premier plan, décentré sur la gauche, se détache le profil harmonieux de Marthe, sa jeune épouse. La lumière vient de l’intérieur et éclaire le visage et les huisseries en une gamme de roses glissant vers l’orangé. L’usage fréquent du cerne vient renforcer le caractère synthétiste de la composition tout comme l’application de larges bandes de couleurs plutôt monochromes dans l’échappée du paysage. Dans ce monde silencieux et contemplatif, Maurice Denis introduit pourtant une délicate palpitation qui se transmet grâce au ruissellement de la touche recouvrant la robe de Marthe ou le ciel du jour finissant.